Ce matin, à l'Assemblée nationale, l'association « 40 millions d'automobilistes » dévoilait son film documentaire de 52 minutes intitulé La fin de la guerre contre les automobilistes accompagné d'un livre de 60 pages reprenant les entretiens menés avec les principaux acteurs de la sécurité routière britannique.
Tourné en Angleterre en janvier dernier, ce reportage décrypte un autre modèle de sécurité routière, basé sur l'acceptation des mesures par les automobilistes. Depuis 2010 et l'arrivée de David Cameron à la tête du Gouvernement anglais, une nouvelle ligne politique nommée « la fin de la guerre contre les automobilistes » est appliquée et non sans succès, puisque le Royaume-Uni poursuit inlassablement sa réduction du nombre d'accidents (deux fois moins qu'en France).
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Les radars
À la base de ce changement, une ville : Swindon, 180 000 habitants. Nous sommes en 2009 lorsque le précédent maire annonce la suppression des sept radars de la commune. Si la décision de suppression des radars (liée à des raisons économiques : entretien des radars à la charge des collectivités) semblait politiquement risquée, cinq ans après, le bilan est sans appel : chaque année, le nombre d'accidents de la route diminue, preuve irréfutable de la baisse mécanique de l'accidentalité.
Depuis, l'exemple de Swindon inspire. Et c'est le Somerset, puis le Northamptonshire et l'Oxfordshire qui désactivent un grand nombre de radars, si bien que l'on estime aujourd'hui que près de 55% des radars du territoire britannique ont été désactivés.
Amy Aeron-Thomas de l'association d'aide aux victimes de la route Road Peace nous confirmera que « dans certaines régions, seul un radar sur dix est actif ».
La tolérance
Autre point de divergence entre système anglais et français : la marge de tolérance des radars. Si la France base son système sur l'intolérance envers les petits excès de vitesses jugés accidentogènes avec une marge technique de 5% sur les radars fixes, l'Angleterre choisit d'appliquer une tolérance de 10% + 3km/h. Pour Mark Egan du Comité des transports au Parlement britannique (House of Commons) : « une répression qui se concentrerait sur les petits excès de vitesse générerait trop de controverse. Si vous augmentez la marge de tolérance, vous ciblerez davantage ceux qui pourfendent les règles bien au-delà des limites ».
De plus, cette politique basée sur l’acceptabilité du système tient compte de l’équilibre nécessaire entre le coût de maintenance du dispositif et ce que rapportent les contraventions émises par les radars. De cette façon, l’Angleterre se prémunit contre l’assimilation des radars à des pièges servant à rapporter de l’argent à l’Etat. Ainsi, alors que le système de contrôle-sanction est particulièrement controversé en France, notamment parce qu’il a généré près de 800 millions d’euros en 2013, parmi lesquels seuls 115 millions ont servi à l’entretien du dispositif (selon le Projet de loi de finances pour 2014), l’Angleterre parvient à un équilibre économique, avec 150 millions d’euros générés chaque année pour des coûts d’entretien annuels équivalents.
La confiance
Si, en France, notre modèle de sécurité routière reste inexorablement ancré sur une formule mathématique dite « de Nilsson », selon laquelle une baisse de 1km/h de vitesse serait synonyme de 4% de baisse des accidents, l'Angleterre applique quant à elle un principe diamétralement opposé : le « 85ème centième ». En d'autres termes, il s'agit d'adapter la règlementation en fonction du comportement de 85 % des automobilistes, jugés raisonnables. C'est pourquoi l'Angleterre songe à augmenter sa limitation de vitesse sur autoroute. En effet, selon Mark Egan du Comité des transports au Parlement britannique : « les vitesses moyennes relevées sur autoroute sont plus élevées que la limitation », d'où la nécessité d'ouvrir le débat.
Là où l'Angleterre adapte la règle au comportement des usagers sur un principe de confiance envers les automobilistes, la France fait le choix d’enfermer les comportements dans des règlementations toujours plus strictes dont le symbole est sans doute le projet d'abaissement des limitations de vitesse.
Les limitations de vitesse
Autre point de comparaison entre la France et nos voisins britanniques : la limitation de vitesse sur nos réseaux secondaires. En Angleterre, la limitation y est fixée à 97km/h, soit 7 km/h de plus qu'en France, avec un bilan pourtant plus flatteur en termes d'accidents. Au cours de notre tournage, nous avons pu constater qu'il n'existait aucun débat pour abaisser cette limitation outre-Manche. Mieux encore, aucun des intervenants n'a paru comprendre le projet français d'abaissement des limitations de vitesse et tous sont apparus surpris, d'autant que la réglementation française permet déjà un abaissement ponctuel sur certaines portions de route.
Le débat est clos
Après avoir augmenté sa limitation de vitesse sur autoroute il y a 10 ans, le Danemark expérimente depuis deux ans l'AUGMENTATION de sa limitation de vitesse sur le réseau secondaire, qui a été portée de 80 à 90 km/h. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Julh Hollen de la Vejdirektoratet (Direction danoise de la route) constate beaucoup moins d'accidents. DansleCopenhagen Post, il déclarait « c'est comme si nous avions trouvé la vitesse la mieux adaptée à ces portions de route. Cela nous a permis de réduire les écarts de vitesse entre les véhicules et donc de diminuer le nombre de personnes qui procèdent à des manœuvres de dépassement potentiellement dangereuses ».
Quant à Erik Mather de la Police de la route danoise, il ajoutait « la police était vraiment peu partisane de cette idée au départ, mais nous avons complètement changé d'opinion au regard de l'expérimentation menée depuis deux ans ».
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Commentaires
Merci Jacques de nous faire partager des infos qui concernant d'autres organisations citoyennes qui prennent eux aussi la défense des usagers de la route.Mais à ce propos qu'elles sont les rapports que 40 millions de conducteurs entretient avec elles ? Sommes nous sur la même longueur d'ondes, vos travaux respectifs sont t'ils complémentaires ?
Il m'arrive assez souvent d'aller voir sur leur site internet ce qu'ils font et quels arguments ils utilisent .IL m'arrive également de signer une pétition et de répondre à un questionnaire.Le site de la FFMC pour exemple apporte pas mal d'infos au motard que je suis,d'autant que chaque région y figure,cela permet d'avoir des infos sur les actions locales et de participer à un forum sur lequel tous peuvent intervenir pour signaler un point noir ou un nouveau radar par exemple.
Je crois qu'il ne faut rien négliger car c'est ensemble que nous pourrons faire changer les choses.
Bonjour,
Nous sommes toujours honorés que nos travaux et nos études soient repris par d'autres associations à condition que nous soyons cités comme auteurs et non plagiés.
Chaque association a ses méthodes de travail et nous souhaitons garder notre liberté d'actions.
Nous vous rappelons que nous avions soutenu la manifestation organisée par la FFMC les 12 et 13 avril derniers et que nous échangeons régulièrement avec eux.
En espérant avoir répondu à votre question... À très bientôt.
La Ligue de Défense des Conducteurs apporte quelques éléments de réflexion:
http://www.liguedesconducteurs.org/legislation/non-au-80-km/h-la-li...
Et du savoureux, car des élus prennent enfin leurs responsabilités:
http://www.liguedesconducteurs.org/paroles-dexperts
En effet, ce sont, entre autres, des arguments que " 40 millions d'automobilistes " avaient déjà mis en exergue il y a quelques mois et que nous rappelons dans les différentes interventions en média ainsi que dans nos actions.
Bonjour, je n'ai pas de temps à passer sur le net en période estivale, cause mes activités. Je reviendrai à l'automne.Je jette un oeil sur votre reportage qui a l'air pas mal du tout. Merci de m'indiquer comment le télécharger pour l'avoir sur mon ordi.
A+merci
Bonjour,
Nous ne mettons pas notre film en téléchargement pour des raisons de sécurité. Vous pouvez le visionner sur Dailymotion : http://bit.ly/1n0x30H ou directement sur notre site www.40millionsdautomobilistes.com, rubrique Web TV.
À bientôt
Superbe film,précis et très informatif.Nos dirigeants sont malheureusement au même niveau d'information que nous de l'expérience faite depuis 10 ans en Angleterre et ce n'est pas pour ça qu'ils lâcherons le morceaux concernant notre fonctionnement tout répressif en France.
Chez nous il il y'a une culture du business que l'on fait avec la sécurité routière relayé par des associations anti voiture qui ont pignon sur rue et à qui l'on donne la parole en priorité pour agiter le chiffon rouge de la vitesse seul cause es accidents en France selon eux.
Il faudra chez nous bien plus qu'un film pour changer tout ça,pourtant il apporte assez d"éléments qui prouvent que nous faisons fausse route.En attendant les 80 % des excès de vitesse de petit dépassement qui composent la majorité des amendes et retraits de point vont continuer en toute impunité.
Je suis opposé à une nouvelle réduction de vitesse
Je voudrais que l’on aide les conducteurs à respecter les actuelles en installant sur les voitures des limiteurs de vitesse réglables et débrayables qui agissent sur le frein et pas seulement sur l’alimentation du moteur
Il faudrait aussi que les limitations de vitesse soient marquées au sol (par exemple des figures géométriques différentes pour séparer les voies ou un rappel du chiffre des dizaines de la vitesse limite peint tous les 100m lorsque la vitesse est inférieure à 90 sur routes ordinaires, 110 sur routes à 4 voies avec terre plein, 130 en zone à péage, tous les 10m en agglomération si la vitesse est < à 50, cette dernière étant rappelée tous les 100m ainsi que les éventuels 70) ou au moins qu’il y ait un panneau de chaque côté de la chaussée car souvent des poids lourds les cachent.
Il faudrait une tolérance portée à 10km/h et à 20 pour dépasser
Il faudrait aménager des zones de dépassement à la sortie des ronds points, des villages et autres zones de ralentissement afin que les véhicules légers puissent dépasser les poids lourds qui reprennent leur vitesse beaucoup moins rapidement que les voitures.
Il faudrait que les réductions de vitesse soient présignalées 200 m avant.
Il ne faudrait plus d’interdiction de dépasser sur les lignes droites de plus d’un km sauf défaut de visibilité
A ce sujet il y a souvent l’autorisation de dépasser alors que le sommet d’une petite cote supprime la visibilité. On se demande qui décide ce genre de signalisation ! Faut croire que c’est fait depuis un confortable bureau ou d’un camion surélevé et non à partir d’un véhicule bas comme le sont les voitures modernes.
Il faut rappeler aux conducteurs qui abordent une route prioritaire qu’ils doivent la priorité même aux véhicules qu’ils n’ont pas pu voir parce qu’ils étaient en train de dépasser un camion.
Enfin M. VALLS ferait mieux de s’occuper de faire ralentir les trains dans les gares. Passer à 137 à l’heure en bordure d’un quai est quasiment une tentative d’homicide
J’ajoute qu’il est indispensable que les conducteurs circulant 40% au dessus de la vitesse autorisée soient immédiatement interceptés et soumis à contrôle d’alcoolémie et de stupéfiants.
Si ces contrôles sont positifs ils doivent être placés en garde à vue car ils sont dangereux. Il est anormal de laisser ces conducteurs circuler. Si les tests sont négatifs, on peut les laisser repartir avec leur voiture sans préjudice des poursuites et sanctions ultérieures.
Il faut supprimer les intersections en biais sauf à aménager une voie d’accélération d’au moins 20m, à défaut de quoi on se tord le cou pour essayer de voir ce qui vient de la gauche
Il nous reste en France à découvrir des élus intelligents et tolérants, alors politiciens, politiciennes faites vous connaître, cela incitera beaucoup à revenir voter aux diverses élections à venir A bon entendeur.