Le quotidien Le Parisien / Aujourd’hui en France consacre son fait du jour du vendredi 11 janvier 2019 aux 80 km/h, et plus particulièrement aux "anti-80 km/h", toujours aussi nombreux depuis l’annonce de la mise en œuvre de la mesure. Pire, les discours de contestation ne cessent de s’intensifier et le ras-le-bol généré par la mesure a nourri la colère des Français jusqu’à les faire descendre dans la rue et occuper les ronds-points lorsque l’étincelle des prix des carburants est venue enflammer la situation déjà hautement inflammable.
Cela fait désormais 6 mois que l’expérimentation des 80 km/h a débuté. Mais alors que, jusqu’à ce jour, le Délégué interministériel à la Sécurité routière (DISR) Emmanuel Barbe recommandait de ne pas tirer de conclusions trop rapides concernant l’efficacité supposée de la mesure, il écume aujourd’hui les média en décrétant, sans donnée ni analyse supplémentaire, que "sans aucun doute, les 80 km/h fonctionnent" et qu’une remontée de la mortalité routière au mois de décembre 2018 doit être imputée aux dégradations commises sur les radars ces dernières semaines. L’association "40 millions d’automobilistes" dénonce l’hypocrisie de la Sécurité routière et une parodie de communication visant à sauver le soldat radar et les 80 km/h, dont la pertinence semble mise à mal par les – semble-t-il – piètres résultats du mois de décembre.
La parade malhonnête de la Sécurité routière
"Sauver 300 à 400 vies", c’est le but affiché du Gouvernement – et plus particulièrement du Premier ministre Edouard Philippe – avec les 80 km/h. La mise en œuvre d’une expérimentation de 2 ans doit permettre d’évaluer la pertinence de la mesure relativement à l’objectif défini, ce qui requiert à la fois honnêteté et objectivité.
Or, si le DISR semblait jusqu’alors jouer le jeu de la prudence, affirmant encore le mois dernier qu’il était trop tôt pour déduire quoi que ce soit des chiffres de la mortalité routière, les nouvelles données dont il dispose en ce début d’année semblent ternir sa confiance. Et bien qu’il n’ait pas cherché à analyser la reprise à la hausse de la mortalité routière en septembre 2018 après 4 mois successifs de baisse et seulement 3 mois de mise en œuvre des 80 km/h, les mauvais chiffres du mois de décembre 2018 le font sortir de ses gonds.
Pour l'association "40 millions d'automobilistes", Emmanuel Barbe ne peut pas admettre que la mesure qu’il a lui-même portée jusqu’au plus haut de l’État ne soit pas aussi efficace qu’il le prétend. On a certes constaté un recul global de la mortalité et de l’accidentalité routière sur les 6 derniers mois de l’année 2018, mais c’était déjà le cas – et même de façon encore plus soutenue – au premier semestre, alors que la France roulait encore à 90 km/h. Il lui fallait donc trouver une excuse. En pointant la dégradation des radars, il met en œuvre une parade malhonnête pour faire porter la responsabilité de son échec aux usagers qui ont exprimé leur ras-le-bol.
Tout cela sans rappeler le fait que, déjà en juillet 2018, une augmentation de 400% des dégradations de radars avait été constatée (ce même mois, la mortalité routière avait pourtant baissée de -5,2%) et en octobre, 1 radars sur 2 était désactivé, tandis que la mortalité routière chutait de -13,8%.
Deux poids, deux mesures avec le DISR !
Le DISR prouve aujourd’hui qu’il a l’art de manipuler les chiffres comme cela l’arrange, au gré des événements. Lorsque ceux-ci tournent en sa défaveur, il n’hésite pas à mettre en rapport des facteurs qui n’en ont en réalité aucun. En revanche, ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que, d’une part, les radars sont en bout de course et ne jouent plus leur rôle dans la prévention des accidents et, d’autre part, que la dégradation massive des radars – que nous ne cautionnons pas – est bien la conséquence directe des 80 km/h, mis en œuvre contre l’opinion des Français, qui y sont très majoritairement opposés encore aujourd’hui et entendent bien le faire savoir.
L’association souligne qu’elle condamne fermement tout acte de vandalisme commis sur des biens publics.
Elle rappelle aussi que le Comité indépendant d’évaluation des 80 km/h dont elle est membre espère publier prochainement son premier rapport sur la mise en œuvre de la mesure et son bilan à 6 mois. Celui-ci est cependant conditionné à l’obtention des données brutes de l’accidentalité et de la mortalité routières dont il a fait la demande il y a maintenant plus de 3 mois, mais dont l’accès lui est toujours refusé à ce jour…