Outre le véritable pactole généré par le produit des amendes qui émanent des contraventions, une des problématiques régulièrement soulevée par les automobilistes face à l'intensification de la répression routière est le stress que celle-ci provoque aux usagers lorsqu'ils sont derrière leur volant. Mais alors, qu'est-ce que le stress routier ? Par quoi est-il provoqué ? Quelles en sont les conséquences et comment le combattre ? Avec l'expertise de Marc Bailet, Docteur en psychologie du conducteur, "40 millions d'automobilistes" répond à ces interrogations.
À la demande de nombreux usagers de la route, "40 millions d’automobilistes" lançait, en mars 2016, un sondage auprès des automobilistes sur le thème du stress engendré par la répression routière. Sur une période d'un mois, 45207 personnes ont répondu au sondage*.
Les causes du stress routier
En tout premier lieu, "40 millions d'automobilistes" a cherché à connaître les causes de ce stress routier. La première crainte des automobilistes est celle d'être flashé (64%), suivi de la conduite des autres usagers (50%), puis les embouteillages (29%). Plus de 36% des personnes interrogées admettent être tout le temps stressées à l'idée d'être verbalisées avant de prendre le volant, et plus de 44% le sont parfois. En revanche, seulement 14% des automobilistes craignent les contrôles par les Forces de l'ordre ; il est donc important de souligner le fait que les automobilistes ne sont pas contre tous les contrôles mais semblent surtout rejeter les contrôles automatisés, réputés pour être des outils de répression aveugle, contrairement aux Forces de l'ordre qui peuvent discerner les véritables comportements dangereux.
Le stress routier est donc bien majoritairement engendré par l'intensification de la répression routière, et plus particulièrement par l'ensemble du système de contrôle-sanction automatisé. Plus d'un tiers des automobilistes interrogés admettent ainsi avoir déjà modifié leur trajet afin d'éviter les contrôles radars...
Les conséquences
Près de 4 automobilistes sur 5 estiment que le stress engendré par la répression routière peut conduire à davantage d'accidents sur les routes. Et pour cause : près de 92% des personnes interrogées admettent regarder leur compteur kilométrique plus que la route (48% tout le temps et 44% parfois). Pourtant, la problématique du stress engendré par la répression routière semble être complètement ignorée par les instances de sécurité routière.
Analyse du stress routier par Jean-Marc Bailet, Docteur en psychologie du conducteur**
- Le stress routier, c'est quoi ?
On conduit avec son cerveau, ses yeux, et son cœur ! Le conducteur stresse lorsque son cœur s’emballe (il ne bat plus à son rythme originel) du fait de fortes émotions (positives et négatives) provenant de la cogitation mentale (idées, infos reçus par GSM) ou du comportement des autres usagers.
Parfois, le niveau du rythme cardiaque (stress) est tellement élevé qu’il brouille le cerveau : le conducteur n’a plus accès à son référentiel sécurité routière et il prend alors des décisions erronées ou inadaptées... Il fait n’importe quoi et cela peut conduire à l’accident !
- Analyse du sondage
Bien que les femmes soient sous-représentées (seulement 13 %), ce sondage est conforté par un nombre important d’automobilistes qui se prononcent (45200 personnes). La moitié de la population (46%) est âgée de plus de 60 ans. Nous sommes donc en présence de conducteurs généralement raisonnables et responsables (l'âge de sagesse au volant est 42 ans).
Ce sondage montre principalement que les flashs des radars et la conduite des autres déclenchent du stress à un niveau plutôt supérieur à la moyenne (7-8 sur l’échelle en 10 points). Il est heureux de constater que les conducteurs écoutent leur corps et reconnaissent les manifestations du stress (nervosité 57% et agressivité 31%).
Il est maintenant incontestable que le stress routier peut conduire à l’accident, à tout le moins, il désoriente, déstabilise, et parfois conduit à la folie sur la route.
- Conseils pour gérer le stress routier
L’éducation au stress routier commence à s’imposer comme une arme anti-accident et de bien-être au volant. En France, les 4500 radars peuvent nous surprendre en infraction de 13 manières différentes (fixes, mobiles, chantiers, feux, etc.). Les radars sont traumatisants : on pense s’être fait piéger, avec des questionnements récurrents comme "Quelle vitesse ?", "Combien de points ?", "Combien ça va me coûter ?", "Mon patron, mon boulot ?"...
Pour gagner en gestion du stress routier, je préconise :
- De pratiquer la respiration abdominale ou ventrale (gonfler avec de l’air frais, par le nez, le ventre comme un ballon, et chasser d’un seul coup tout l’air chaud des poumons par la bouche).
- D'actionner le limiteur de vitesse.
- De s’autoformer en gestion du stress par une connaissance des 18 situations stressantes, et pratiquer quelques exercices de détente et de relaxation parmi les 25 proposés**.
Des exercices pour combattre le stress routier
- Dans les bouchons
- Pratiquer la respiration abdominale.
- Évacuer les tensions par les mains en malaxant alternativement une balle en mousse main droite, puis main gauche.
- Effectuer des rotations douces et lentes du coup comme pour dire OUI et NON.
- Face à un contrôle de police
- Je souris à la découverte du contrôle.
- J’adopte une attitude neutre.
- Je commence la respiration abdominale.
- Je ne fixe pas le policier-contrôleur mais j’effectue un balayage panoramique du poste de contrôle.
- Je me préserve en effectuant un signe-signal d’auto-contrôle (j’appuie de plus en plus fort mon pied gauche sur le plancher du véhicule... et je relâche d’un seul coup la pression).
* Retrouvez l'intégralité des résultats du sondage Le stress engendré par la répression routière
** Également auteur de Zen au volant : guide du mieux conduire, édition L.Hamattan
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