Le dossier de la privatisation des radars embarqués est décidément riche en rebondissements : le site Internet Radar-auto.com révèle que la première entreprise privée qui assurera la gestion des voitures-radars a été sélectionnée via un appel d’offres. Il s’agit de Challancin Accueil et Services, une société spécialisée dans le multi-service et la sécurité publique, qui aura donc pour mission de conduire les 26 voitures banalisées équipées de radars de vitesse sur les routes normandes. Ce contrat devrait lui rapporter 8 millions d’euros sur 4 ans, preuve que l’État ne doute aucunement de la rentabilité du dispositif que dénonce l’association "40 millions d’automobilistes" depuis l’annonce de la mesure.
"Un procédé malhonnête" selon "40 millions d'automobilistes"
Alors que les résultats de l’expérimentation menée en Normandie visant à évaluer la performance et la fiabilité des nouveaux outils techniques équipant les voitures-radars n’ont pas encore été rendus publics, le Gouvernement a donc d’ores et déjà attribué le marché à une entreprise de sécurité implantée dans différents départements normands.
L’État sait parfaitement que cette mesure est fortement impopulaire parmi les automobilistes : un sondage réalisé en octobre 2017 montre que 72% des Français sont opposés à la privatisation des radars embarqués. La Sécurité routière a donc entrepris toutes les démarches préparatoires à la mise en œuvre de ce dispositif dans le dos des usagers, alors même que le Délégué interministériel à la Sécurité routière prétendait avoir repoussé les appels d'offres destinés à sélectionner les sociétés en charge de conduire les radars embarqués à une date inconnue. Un procédé que l'association "40 millions d'automobilistes" juge réellement malhonnête, qui va complètement à l’encontre des besoins d’informations et de prévention des automobilistes pour améliorer leur comportement sur la route.
Un jackpot estimé à 2,2 milliards d'euros
Avant la fin de l’année, 26 voitures-radars privatisées devraient donc sillonner les routes normandes pour verbaliser les usagers en excès de vitesse… et garnir les caisses de l’État des recettes de ces amendes. Car d’après le souhait de la Sécurité routière, les voitures-radars roulaient désormais 8 heures par jour, on estime à près de 2,2 milliards d’euros le produit des amendes générées pour l’État. En revanche, rien ne permet d'affirmer que l'impact sera positif en termes d'accidentalité routière...
L’association "40 millions d’automobilistes" sera auditionnée ce mercredi 29 novembre 2017 au Sénat au sujet de la privatisation des radars embarqués.