Parmi les différentes lubies "anti-voiture" de nos élus, l'une d'elles se multiplie aux quatre coins de la France : l'abaissement des limitations de vitesse sur les rocades urbaines. Afin de justifier une telle mesure, nos élus n'hésitent pas à brandir avec conviction leur deux arguments phares : l'amélioration de la qualité de l'air et la réduction des nuisances sonores pour les riverains. " 40 millions d'automobilistes " fait le point sur les bénéfices de cette mesure, en réalité plus que mitigés...
La gangrène de la mauvaise idée
Tout commence sur le périphérique parisien, lorsque la Maire de Paris, Anne Hidalgo, décide d'abaisser, encore une fois, la vitesse maximale autorisée à 70 km/h. Depuis, sous couvert d'écologie, d'autres élus se sont alors emparés de la mesure, à l'image de Nathalie Appéré, maire de Rennes, qui démarrait une expérimentation de la baisse de la limitation de vitesse de 90 à 70 km/h sur sa rocade il y a un an.
Environnement : quels sont les bénéfices réels ?
Très étonnamment, la mairie de Paris n'a demandé aucune étude d'impact à AirParif* suite à la baisse de la limitation de vitesse sur sa rocade urbaine. La municipalité craindrait-elle des résultats défavorables au discours autophobe qu'elle ne ne cesse d'asséner ?
Quant à la mairie de Rennes, elle vient tout juste de livrer les conclusions de son expérimentation. D'après la Préfecture et la Ville de Rennes, la qualité de l'air s'est dégradée sur la portion abaissée à 70km/h, tandis que la pollution a diminué sur la partie de rocade abaissée à 90.
Des résultats plutôt mitigés, bien loin des objectifs visés par les élus en termes de qualité de l'air.
Nuisances sonores et accidentologie : des résultats pas plus concluants…
Si l'argument écologique ne tient pas, qu'en est-il des nuisances sonores et des résultats en termes d'accidentologie ?
Dans une interview diffusée sur TF1, l'association indépendante BruitParif** livre les conclusions de son étude menée à Paris : une baisse des nuisances sonores de 0,6 décibels seulement a été constatée, soit un changement "imperceptible à l'oreille". Matthieu Sineau, responsable laboratoire de mesures au sein de l'observatoire, ajoute que "Cette mesure ne permet pas de descendre sous les valeurs de référence" : sur le périphérique parisien, "on est toujours en situation de point noir de bruit."
Quant aux chiffres de l'accidentologie, la mairie de Paris a communiqué sur une baisse de 14,5% de blessés pour 2014, suite à l'abaissement de la vitesse de 80 à 70km/h sur le périphérique parisien… En omettant de préciser que le nombre de tués était quant à lui passé de 4 à 7, soit une hausse de 75 % !
Concernant la rocade de Rennes, la municipalité a reconnu que le nombre d'accidents a légèrement augmenté durant l'expérimentation.
Un échec cuisant pour les municipalités, une victoire pour "40 millions d'automobilistes" !
La mairie de Paris justifiait l'abaissement de la limitation de vitesse sur le boulevard périphérique parisien à 70 km/h par la nécessité d'améliorer la qualité de l'air et de réduire les nuisances sonores pour les riverains. Force est de constater que ces objectifs ont lamentablement échoué.
Mais tandis que la Ville de Paris refuse de reconnaître son échec, la municipalité de Rennes a décidé de rétablir les 90km/h sur sa rocade, faute de résultats probants ! Une victoire non seulement pour les automobilistes rennais, mais aussi pour l'ensemble des automobilistes en France, car il ne fait aucun doute que ce bilan servira de leçon aux autres communes qui souhaitaient mettre en place des mesures similaires.
La limitation de vitesse à 90km/h sur la rocade rennaise sera rétablie très prochainement, après la réimplantation des panneaux de signalisation qui avaient été retirés il y a un an. Reste que l’opération aura tout de même coûté la bagatelle de 100 000 € à la Ville…
L'inefficacité de l'abaissement de la vitesse sur la rocade, "40 millions d'automobilistes" l'avait annoncée dès le début. Vent debout contre cette mesure, l'association avait tout de suite tapé du poing sur la table pour que la mairie de Rennes fasse marche arrière : organisation d'une conférence de presse avec les journalistes locaux pour dénoncer la mesure, information auprès des automobilistes, interventions en média tout au long de l'expérimentation, lettre au Préfet pour lui demander de rétablir les 90km/h...
"Grâce à Rennes, on a désormais la preuve qu’une telle mesure n’est en aucun cas un gage d’amélioration des conditions de circulation. Bien au contraire, les conséquences de cette expérimentation sont majoritairement néfastes pour les usagers et l’on salue donc l’honnêteté des autorités qui ont su reconnaître leur erreur et rétablir la limitation de vitesse la moins pénalisante pour tous", conclut "40 millions d'automobilistes".
* Association de surveillance de la qualité de l'air sur l'ensemble de l'Ile-de-France.
** Observatoire du bruit en Ile-de-France.