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Ce nouveau topic fait suite à la discussion qui s'est faite au sujet de la place des enfants dans nos villes, et de l'impact qu'avait eu l'automobile au fil des années sur ce point. Excusez par avance la longueur de mon post. Sur ce propos, Autovelo a publié trois articles à travers son intervention :
http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/01/comment-a-interdit-enfants-ma...
http://www.slate.fr/story/88539/adultes-enfants-bataille-espace
http://www.lettreducadre.fr/13048/espace-public-les-enfants-dans-la...
Même si elle ne concerne qu'en partie l'automobile, cette discussion m'a parue très intéressante du fait de la diversité des points soulevés par le débat, et je pense que la question mérite d'être étudiée de manière approfondie.
En résumé, ces articles font état des restrictions de libertés qui ont été imposées aux enfants au fil des années, principalement du fait des problèmes de sécurité qui pouvaient se poser, notamment ceux liés au trafic, mais également par le sentiment d'hostilité des usagers et des passants à la présence d'enfants dans les lieux publics.
Pour ce qui est des problèmes de sécurité, j'y vois effectivement deux risques : les mauvaises rencontres (agressions,...) et les risques liés à l'automobile. Pour ce dernier point, je vais évoquer des chiffres repris du site de la Prévention routière.
Ceux-ci ne sont pas très alarmant : En 2014, il y a eu 112 morts dans les accidents de la circulation parmi les mineurs de moins de 15 ans, dont 20 piétons et 16 cyclistes. Ces statistiques ne semblent pas être alarmantes, notamment qu'elles représentent 3% du taux de mortalité sur l'année 2014, et 7.6% des blessés (soit 5530). Il convient cependant de tempérer ce constat, car le site de Prévention routière fait état d'une baisse du taux de mortalité infantile pour les accidents de la circulation de 69%, ces 15 dernières années. Il aurait été intéressant d'étudier les statistiques de l'époque, mais je ne les ai pas trouvées. Quoi qu'il en soit, on peut raisonnablement penser que la désertification des milieux publics par les enfants sur cette même période puisse être en partie à l'origine de cette baisse.
Concernant les cas d'agressions sexuelles sur mineurs, la plupart sont produits par des proches, que l'enfant connaissait, et dont il avait confiance (un ami de la famille, un oncle,.. - chiffres). Et en ce qui concerne les disparitions inquiétantes de mineurs susceptibles d'être victimes de crimes ou de délits, il y en a eu 359 en 2010 (selon les chiffres (pdf - p. 8) de l'association 116'000 enfants disparus). Donc je pense que pour se débarrasser de cette peur, l'idée serait d'éteindre la télé...
Ceci dit, pour commenter l'idée des terrains d'aventure évoqués dans le troisième article, je vois mal leur mise en place en France pour les enfants. Ces terrains, qui sont en réalité des friches de différentes natures et qui existent en Allemagne, seraient vites investis par des squatteurs ou des trafiquants de drogue.
Enfin, en ce qui concerne le sentiment d'hostilité ressenti par les parents, je conçois que ces situations puissent être difficiles à vivre pour les parents. Malheureusement, être parent n'est pas très bien vu aujourd'hui, du fait d'un laxisme exagéré dans l'éducation, voire de la démission totale de certains parents dans leur rôle d'élever un enfant. Voir un enfant faire la serpillière et hurler dans un magasin, et constater que le père ou la mère ne réagit pas n'aide pas les gens qui sont autour à comprendre les difficultés à élever un enfant. De plus, lorsqu'on voit un gamin faire une connerie dans la rue (dégradations, insultes, vols, impolitesse...), l'interpeler et le remettre à sa place est mal vu. Si le parent est à coté, même s'il ne fait rien pour arrêter son gamin, il va réagir en disant "de quoi je me mêle ? Et si en plus il est agressif, une telle situation risquerait de dégénérer. D'où cette ambiance générale, qui est un mélange de méfiance, d'agacement et d'individualisme.
Je pense que les mentalités doivent évoluer, mais pas seulement dans un sens. C'est toute la société qui doit évoluer et cesser les revendications individualistes, qui sacralisent les libertés individuelles au détriment de l'ambiance et du partage.
Après, je pense que la désertification des espaces publics par les enfants n'est pas étrangère au développement des nouvelles technologies (jeux vidéos, tablettes tactiles,...). Là aussi, il y a un travail d'éducation à faire.
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Réponses
http://imageshack.com/a/img922/6285/z1CbKn.jpg
On y retrouve à la fois l'absence d'activité physique de base pour les enfants : se déplacer à pieds pour aller à l'école, ou simplement jouer dans la rue, et l'effet tablettes et consoles de jeu :)
Je pense que la place de l'enfant est un révélateur de la façon dont on occupe l'espace public. On a tous envie de pouvoir se garer partout mais il ne nous viendrait pas à l'idée de flâner ou de nous installer dans une rue presque exclusivement dédiée au trafic et au stationnement automobile.
Je ne sais pas si c'est lié uniquement à la place moindre de la voiture dans cette ville, mais lorsqu'on déambule dans Amsterdam on remarque que les gens sortent devant chez eux, installent des chaises ou même une table sur le trottoir, en pleine ville, pour discuter et souvent boire un verre avec leurs voisins. C'est inimaginable en France. On ne sait peut être plus vivre dans l'espace public. Et peut être même qu'on ne l'a jamais vraiment fait...
En ce qui concerne Amsterdam, il faut savoir que cette ville est pas mal sujette à la météo pluvieuse, en automne, en hiver et au printemps. Du coup, quand le soleil apparaît, je pense qu'ils cherchent à en profiter un maximum.
Du reste, en France aussi, les cafés sortent les tables sur le trottoir quand il fait beau. Après, si les initiatives "citoyennes" restent effectivement rares, je pense que c'est plutôt culturel. En France, on est individualiste, on prône la liberté individuelle, moins les actions collectives.